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L'impact de nos choix alimentaires sur notre réaction au stress


Les explications des mécanismes à l'œuvre par Célia Mores Docteur en Neurosciences - Chargée d’enseignements à l’EDNH (Ecole de Diététique et Nutrition Humaine) - Membre associé au LMC (Institut de Psychologie, Université Paris-Descartes) -Membre du Comité Scientifique du Réseau des Centres de Gestion du Stress


Nous avons vu dans notre précédent article, que le stress impactait notre prise alimentaire aussi bien qualitativement que quantitativement. Souvenez-vous, les situations stressantes activaient notre axe hypthalamo-hypophisaire-cortico-surrénalien de réponse au stress, conduisant ainsi à une libération de glucocorticoides, plus exactement de cortisol. Cortisol, qui, pour ce qui est de la prise alimentaire, modulait la sécrétion, la libération des neurotransmetteurs, neuropeptides et hormones impliqués dans la prise alimentaire (NPY, leptine…). Cette modulation avait pour conséquences une augmentation de la prise alimentaire elle-même mais aussi une augmentation de la consommation de produits riches en graisses et en sucres.


Ce qui est connu, « depuis peu », c’est que notre comportement alimentaire lui-même va modifier notre système de réaction physiologique au stress ; nous rendant ainsi plus vulnérable.

Impact de la consommation de nourriture palatable sur notre métabolisme

Le fait de consommer de la nourriture palatable, c’est à dire riche en graisses et en sucres va impacter notre métabolisme. Cela, va avoir des effets, notamment sur notre « sensibilité » à l’insuline et sur les hormones régulant notre prise alimentaire ; modifiant ainsi notre « regard » vis à vis de la nourriture. Changements motivationnels, puisque notre appétence pour cette nourriture augmentera ; mais aussi altération de l’homéostasie de l’organisme (i.e. du système physiologique impliqué dans la régulation de la prise alimentaire).


Il a été montré, grâce à diverses études sur l’Homme et sur l’animal, que la nourriture hautement palatable, affectait notre axe physiologique de réponse au stress, en « altérant » le CRF et le cortisol. Cela provoquait, une dérégulation de cette axe, ce qui a pour conséquence, au niveau comportemental, un trouble de l’adaptation (i.e. une mauvaise gestion du stress).


La consommation de nourriture hautement calorique, donc riche en graisses et en sucres, est associée nous seulement à un émoussement de la réponse aux glucocorticoïdes (i.e. le cortisol) mais aussi à une altération de la réponse des cathécholamines (adrénaline et noradrénaline) sécrétées lors d’une situation stressante. De plus, à cela, il faut rajouter que la prise de poids et la résistance à l’insuline, souvent observées chez les patients atteints d’obésité, provoquent les mêmes effets que ceux décrits ci-dessus sur la réponse au stress. Un taux d’insuline élevé de manière chronique, diminue l’activité de l’axe neuro-endocrinien de réponse au stress, mais augmente l’activité de la voie nerveuse, plus précisément celle du sympathique.


La dérégulation de l’axe neuro-endocrininen de réponse au stress, dû à la prise nourriture à densité calorique particulièrement élevée, va affecter la sensation de faim (i.e. la régulation physiologique) mais aussi le plaisir, la récompense que procure l’ingestion de nourriture, modifiant ainsi le fonctionnement du système hédonique (i.e. circuit mesocorticolimbique = circuit de la récompense) impliqué dans la prise alimentaire.


Bien évidemment, le fait qu’il y ait altération de l’axe physiologique de réponse au stress va modifier notre comportement alimentaire, en augmentant notre appétence pour la nourriture hautement calorique.


Stress et obésité

Nous l’avons vu dans le précédent article, le stress a un impact sur nos choix alimentaires. Il augmente la consommation de produits riches en graisses et en sucres (ex : snack sucrés, fast-food…) et les crises d’hyperphagies boulimiques.

Cependant, l’effet du stress sera différent chez les individus « minces » et chez les individus « obèses ».


Comparativement aux individus « minces », le comportement alimentaire observé en situation de stress, se traduisant notamment par la surconsommation de snack sucrés ou autres aliments à haute densité calorique, sera exacerbé chez les individus obèses. Ainsi, les individus obèses auront tendance à consommer plus de snacks sucrés que les individus « minces ». En revanche, chez les individus « minces », le stress aurait « peu » d’effets sur la surconsommation de ce type de produits.


De plus, un fort lien entre obésité, IMC et stress a été mis en évidence. Ainsi, les individus ayant un IMC élevé sont, plus sujet, que les individus ayant un IMC « bas », au stress psychologique et au gain de poids. En d’autres termes, les individus obèses sont plus vulnérables au stress que les individus minces. Stress qui, chez eux, va particulièrement amplifier la consommation d’aliments palatables. C’est donc la « double peine » pour eux.


En conclusion

Bien que nous sachions aujourd’hui que le type de nourriture que ingérons a un impact sur la réaction physiologique au stress, certains mécanismes restent encore à découvrir. Tout n’est pas connu, et, ne peut, pour l’instant, être, véritablement, expliqué.


En bref, ce que nous devons retenir, c’est qu’une situation stressante va activer notre réponse physiologique au stress, notamment notre système neuro-endocrinien, qui, va finir par « s’épuiser » si la situation stressante devient chronique et répétée. La libération trop importante de cortisol va modifier notre comportement alimentaire, augmentant notre appétit et notre appétence pour les produits riches en graisses et en sucres. Cet état de fait est d’autant plus important chez les individus obèses, qui, comparativement aux individus « minces », sont plus vulnérables au stress.

De plus, nos choix alimentaires ont un impact sur notre réaction physiologique au stress. Les aliments à haute densité calorique, c’est à dire palatables, vont déréguler notre système physiologique de réaction au stress, nous rendant plus vulnérable et moins armés pour s’adapter et vaincre ce dernier.

Pour les individus obèses c’est donc une double peine, et un cercle vicieux.


Il ne faudra donc pas oublier, chers patriciens, que leur comportement n’est pas dû à un manque de « volonté », mais, est, bel et bien, organique, physiologique.

Leur apprendre à gérer « leur stress », apparait donc comme plus que nécessaire…


Et quoi de mieux que des séances de sophrologie, cohérence cardiaque ou toutes autres pratiques que vous mettez / mettrez en place dans vos consultations…

Et qui porteront apaisement à vos patients / clients.


Célia Mores, Dr en Neurosciences






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